Depuis 1992, via son Prix Livre & Mer Henri-Queffélec (précédemment dénommé Grand Prix du Livre maritime de 1985 à 1991), le Rendez-vous littéraire du monde maritime met en valeur cinq romans ou essais consacrés à l’univers maritime. Découvrez ci-dessous les cinq titres qui étaient en lice en 2020...
J’ai le grand plaisir d’adresser ce message amical aux organisateurs et au jury du Festival Livre & Mer, ainsi qu’à tous les passionnés de lecture qui vont le fréquenter cette année.
J’ai eu l’honneur de recevoir en 2019, pour mon livre Pontée publié chez Arléa, le Prix Livre & Mer Henri-Queffélec, et cette distinction, outre qu’elle m’est tombée dessus le jour de mon anniversaire, restera attachée pour moi au souvenir de trois superbes journées passées à Concarneau. J’ai été très sensible au fait que ce prix me soit attribué par un jury que présidait une fameuse navigatrice, et dont chaque membre était avant tout un grand lecteur, un amateur averti au point de souhaiter être le juge, bénévole et passionné, d’un prix littéraire. C’est ce qui a permis, je crois, que l’écriture singulière de Pontée, entre récit documentaire, humour et poésie, soit reçue et comprise. Je pense avec amitié à ce jury en ce moment : sans doute vient-il de recevoir la sélection des livres en compétition pour l’édition 2020 du festival, et je lui adresse mes encouragements chaleureux en prévision de ses travaux et de ses débats.
J’ai eu l’occasion de le dire l’année dernière : terrien embarqué à bord d’un grand navire marchand, étranger à ce milieu technique et humain, je garde une grande reconnaissance envers les marins du Bougainville, qui m’ont permis d’être le témoin de leur travail et d’évoquer, avec mes images, leur univers. Malgré le poids de leurs activités quotidiennes, ils se sont montrés hospitaliers et cordiaux. Aussi est-il tout à fait significatif pour moi que Pontée ait été couronné à Concarneau, en terre bretonne, dans une cité de marins. Ce qui l’est autant, c’est le nom donné à ce prix. Je fais partie d’une génération pour qui le nom d’Henri Queffélec est devenu familier très tôt : si j’ai découvert son œuvre à l’adolescence avec Un feu s’allume sur la mer, c’est plus tôt, dès l’école primaire, que j’ai commencé à le découvrir. Il faisait partie de cette constellation d’auteurs dont les phrases revenaient en exemple dans les grammaires – idéales, tirées de leur contexte et mystérieuses, d’autant plus séduisantes –, ou surgissaient sous forme de dictées prises entre deux horizons d’un livre plus vaste, d’où elles sortaient avec leur fret de mots inconnus que l’instituteur écrivait au tableau. Je peux donc dire que j’ai appris à lire et à écrire avec Henri Queffélec, et c’est pourquoi le prix que j’ai reçu en 2019 restera pour mon activité d’auteur une sorte de signal ou de repère, un feu qui brille sur la mer.
Longue vie au Festival Livre & Mer ! Bon courage à ses organisateurs et à tous ces bénévoles dont j’ai admiré le dévouement et le travail. Et tous mes vœux pour une très belle édition 2020.
Jean-Paul Honoré, 29 juin 2020
Prix Livre & Mer Henri-Queffélec 2019
Romain Bertrand
Éditions Verdier, mars 2020
Né en 1974, Romain Bertrand est directeur de recherche au Centre d’études et de recherches internationales (CERI, Sciences-Po), spécialiste de l’Indonésie moderne et contemporaine. Il a consacré de nombreux travaux à la question des dominations coloniales européennes en Asie du Sud-Est.
Imaginez une histoire, une belle histoire, avec des héros et des traîtres, des îles lointaines où gîtent le doute et le danger. Imaginez une épopée, une épopée terrible, avec deux océans où s’abîment les nefs et les rêves, et entre les deux un détroit peuplé de gloire et de géants. Imaginez un conte, un conte cruel, avec des Indiens, quelques sultans et une sorcière brandissant un couteau ensanglanté. Un conte, oui, mais un conte de faits : une histoire où tout est vrai. De l’histoire, donc.
Cette histoire – celle de l’expédition de Fernand de Magellan et de Juan Sebastián Elcano –, on nous l’a toujours racontée tambour battant et sabre au clair, comme celle de l’entrée triomphale de l’Europe, et de l’Europe seule, dans la modernité.
Et si l’on poussait à son extrême limite, jusqu’à le faire craquer, le genre du récit d’aventures ? Et si l’on faisait peser plus lourd, dans la balance du récit, ces mondes que les Espagnols n’ont fait qu’effleurer ? Et si les Indiens avaient un nom et endossaient, le temps d’un esclandre, le premier rôle ? Et si l’Asie – une fois n’est pas coutume – tenait aussi la plume ? Que resterait-il, alors, du conte dont nous nous sommes si longtemps bercés ?
La vérité, peut-être, tout simplement.
Dans ce petit port de la côte Atlantique, au tournant des années 1960, la vie est simple, rythmée depuis toujours par la mer et la pêche. Chacun y tient sa place, dans un ordre immémorial. Il y a le tenancier du bar du port, le garagiste "Courapied", la librairie-bazar "T’y trouves tout"…
Et Joseph, notre narrateur. Joseph est fils unique, il grandit choyé par sa mère et dans l’adoration de son père, marin-pêcheur. La vie semble toute tracée.
Jusqu’à ce qu’un drame fasse voler cette douce enfance en éclats. La chronique bouleversante d’un homme libre ballotté par l’époque. Un roman poignant sur la vanité du temps et la fin d’un monde.
François Colcanap est écrivain et journaliste, correspondant d'Intégrales Mag aux États-Unis. Le Naufragé est son premier roman.
François Colcanap
Éditions Slatkine & Cie, février 2020
Jean-Claude Lalumière
Éditions du Rocher, octobre 2019
Sur l'île d'Oléron, trois hommes, trois générations : Mickaël, Christophe et Philippe. Ils vivent au rythme de l'océan, badinent, se moquent de la fragilité des choses de la vie. Des femmes se sont éloignées. Le mur de l'Atlantique paraît infranchissable. Les corps parfois défaillent.
Mais les trois hommes ne cèdent jamais à la gravité. Il y a des recettes de cuisine à réinventer, une maison à rénover, des romans à lire ou à jeter, telles des bouteilles à la mer. Et peut-être un secret à partager. Surtout, Mickaël, Christophe et Philippe s'apprêtent à mettre le cap vers une ligne d'horizon chargée d'embruns et porteuse de promesses.
Un roman étincelant, plein d'humour et de poésie, une ode à l'amitié, qui suspend le temps et rend la mélancolie plus douce.
Né à Bordeaux en 1970, Jean-Claude Lalumière a écrit des fictions pour les Ateliers de création de Radio-France avant de publier des romans remarqués tels Le Front russe (Prix Jeune mousquetaire du premier roman 2011), La Campagne de France ou encore Ce Mexicain qui venait du Japon et me parlait de l'Auvergne.
Marettimo, petite île au large de la Sicile, juillet 1902. Quand il tombe amoureux de la belle Ana, venue passer l’été dans la maison de son père, Vittorio Bevilacqua, jeune pêcheur, ne peut se douter qu’il met en marche un engrenage qui l’obligera à fuir à l’autre bout du monde.
Ana est la fille de Salvatore Fontarossa, le fontaniero le plus puissant de Trapani, chef d’un clan mafieux enrichi dans les vergers de citrons de la ville. Don Salva envoie son fils aîné châtier le misérable qui a déshonoré sa fille. Mais la balle de revolver ne part pas, Vittorio se défend, le sang coule. « Quitte cette île cette nuit, pars le plus loin possible. Va en America. Ne reviens jamais, ou nous sommes tous morts », lui dit un ancien.
De Naples à New York, puis de La Nouvelle-Orléans à la Californie, Vittorio tente d’oublier Ana. Enceinte de lui, elle surmontera toutes les épreuves. Pour, un jour, retrouver l’homme qu’elle aime ? À travers la trajectoire de deux amants en quête de liberté et que tout sépare, Michel Moutot signe un roman d’aventures passionnant sur l’essor de la Mafia et le destin des émigrants partis tenter leur chance en Amérique à l’aube du XXe siècle.
Michel Moutot
Éditions du Seuil, mars 2020
Michel Moutot est reporter à l'Agence France-Presse, spécialiste des questions de terrorisme international. Lauréat du Prix Albert-Londres en 1999, correspondant à New York en 2001, il a reçu le Prix Louis-Hachette pour sa couverture des attentats du 11 septembre. L'America est son troisième roman, après Ciel d'acier, récompensé par le Prix du Meilleur Roman des lecteurs du Points en 2016, et Séquoias, Prix Relay des Voyageurs en 2018.
Yann Verdo
Éditions du Rocher, février 2020
Londres, 1889.
Dans un monde victorien où se croisent riches oisifs et damnés de la terre, Oscar Klives, jeune médecin idéaliste, a renoncé à une carrière de neurologue pour se mettre au service des déshérités dans un hospice de l'East End.
Un des miséreux qu'il examine, William Noone, se présente malgré son grand âge comme un homme de trente-deux ans. Pour Noone, qui se dit marin et se croit en 1847 dans un port irlandais, prêt à appareiller, le temps s'est arrêté.
Cherchant à comprendre ce cas exceptionnel, le médecin consigne ses observations dans un journal et finit par traverser l'Atlantique sur les traces de son patient. La découverte du destin du marin sans mémoire va bouleverser sa vie...
Dans un style admirable, un premier roman nourri d'humanisme, qui interroge les mystères de la mémoire et de l'identité.
Yann Verdo, journaliste aux Échos, est l'auteur d'un essai, Le Violon d'Einstein, paru aux Éditions Odile Jacob en 2018. Noone ou le Marin sans mémoire est son premier roman.
Sélection effectuée par la Commission Programmation et le Comité de lecture du Festival Livre & Mer sous la coordination de Brieg Haslé-Le Gall et d’Armelle Le Minor : Jean-Yves Barzic, Carole Boyer-Furic, Amélia Corre, Dominique Dieterlé, Pierre Furic, Marie-France Goussé, Franseza Haslé-Le Gall, Benoît Houvenagel, Aude Laumonnier, Gilbert Le Bras, Chantal Le Guern-Droguet, Jo L'Hostis, Françoise Morel & Jean-Yves Rogel.
FESTIVAL LIVRE & MER • CONCARNEAU
2 rue Émile MARSECHE - BP 334 • 29183 Concarneau cedex • courriel
Accueil téléphonique le jeudi de 10h à 12h30 : 02 98 97 52 72 • 06 80 28 57 91